Internet constitue pour de nombreux artistes et musiciens une formidable vitrine et un vecteur de notoriété de tout premier plan. Les réseaux sociaux et les sites de partage de vidéos tels que Youtube et Dailymotion regorgent de productions amateurs de créateurs en recherche de leur public.
Il faut ajouter à cela l’existence de sites personnels proposant des morceaux en téléchargement libre et gratuit.
Certains illustres inconnus (les Artic Monkeys en sont un excellent exemple) ont ainsi réussi à tirer leur épingle du jeu par leurs propres moyens. Ils ont rapidement réussi à créer un véritable « buzz » autour de leur nom.
Les premiers pas de la production en ligne
Face à ces succès et confrontés à la crise de l’industrie du disque, certains producteurs sont alors tentés de parier sur l’avenir de la musique sur Internet. Afin de se démarquer du schéma classique et de créer une nouvelle dynamique, ils proposent alors d’associer les internautes à la production.
Certes, la participation du public est très limitée et se cantonne dans une partie de l’investissement nécessaire mais l’effet de levier de la publicité ainsi créée est bien là. Sellaband se lance dans l’aventure dès 2006 et, en France, MyMajorCompany est en 2007 un précurseur en ce domaine.
Le phénomène Grégoire fait exploser le concept en France
Avec un disque d’or et 250 000 exemplaires vendus en 2008, Grégoire place le site My Major Company et le concept de la production participative sous le feu des projecteurs. Il suscite ainsi un engouement sans précédent dans les média.
S’ouvre alors un véritable marché dans lequel vont s’engouffrer de nombreux autres sites participatifs associant producteurs en quête de notoriété, artistes en recherche de visibilité et internautes appâtés par les perspectives de gains. Tous ont alors en tête que pour 200 € investis sur son nom Grégoire a rapporté plus de 1000 €.
Devenir du système de production participative
Déjà 4 ans depuis ce buzz et qui dans le grand public serait en mesure de citer le nom d’un autre artiste produit selon ce modèle économique communautaire. Personne, alors que My Major Company a produit plus d’une dizaine d’artistes par an et que ses concurrents ne sont pas en reste.
La liquidation de Spidart en 2010 est la meilleure illustration de la difficulté même pour une production participative d’échapper à la crise.
Faut-il en conclure pour autant que le succès de Grégoire n’était qu’un feu de paille, un coup marketing et que le système lui-même est remis en cause ?
Je ne le crois pas mais il faut certainement considérer que la production participative ne doit pas se limiter au financement et à la prise de risque financier par rapport à un artiste et à une œuvre mais intégrer d’autres notions. Un autre modèle mériterait d’être développé associant financement, implication dans le projet, bénéfice de concerts privés …
D’autre part, le concept est encore tout neuf mais a ouvert des brèches auxquelles s’habituera peu à peu le milieu de la production artistique encore réfractaire. Les échecs sont aussi autant de leçons qui serviront les initiatives futures qui, hors de toute précipitation médiatique, ne manqueront pas de prendre le temps de mieux organiser leur business-plan.