Quelques difficultés de la production communautaire
Le principe de la production musicale communautaire consiste à placer l’internaute au cœur de la production musicale en lui permettant de participer financièrement à l’essor d’un artiste en devenir, dans l’espoir de toucher un retour sur investissement.
L’initiative en soi est très bonne et a connu un très grand succès au départ. Mais, depuis quelques années, cette initiative connaît quelques zones d’ombre dont voici les détails :
La fragilité du modèle économique des sites de production communautaire.
Depuis l’apparition de la production musicale communautaire, certains labels ont su tirer leur épingle du jeu et révéler des talents. C’est le cas de MyMajorCompany et son artiste Grégoire.
Après ce succès qui a mis un coup de projecteur sur le concept, plusieurs autres sites ont été crées et au départ, ils en ont tous profité. Mais, force est de constater que le succès de Grégoire ne s’est pas encore reproduit. Aucun autre artiste n’est parvenu à transformer l’essai de manière convaincante.
Le leader du marché, MyMajorCompany, dont le succès de son poulain Grégoire a dépassé toutes les espérances (coup de maître, coup d’essai, pourrait-on dire !) a du mal à renouveler le succès. Mais, le site a tout de même réussi à produire plus de 20 nouveaux artistes. Mais, ils ne sont malheureusement pas connus. Cela amène donc les gens à se demander si le concept de la production communautaire n’aura été que celui d’un artiste ou plutôt un effet unique, de mode, ou de buzz qui s’est vite estompé.
A cela s’ajoute les problèmes de retard dans la production. Parfois, des artistes financés par les internautes et ayant remplis leur jauge, attendent plusieurs mois, voire des années avant d’être lancés sur le marché.
Difficultés pour les artistes.
La crise économique n’est pas du tout étrangère à la faible propension du public à financer en amont la production d’artistes émergents. Beaucoup préfèrent sécuriser et économiser leur argent.
Quelques exemples.
Le rappeur américain Chuck D, avait tenté de lever 250 000 dollars auprès des internautes sur Sellaband, afin de produire un nouvel album de Public Enemy. Mais, il n’a récolté que 70 000 dollars en quelques mois, et les premiers fans-producteurs n’ont pas hésité à retirer leurs billets.
Près de cinq mois après le lancement de son appel de fonds sur KissKissBankBank, l’icône des années 1980, Cock Robin, n’est pas parvenu, à financer la production d’un album live avec l’aide des internautes. Sa jauge atteignait à peine 2.000 € investis par une soixantaine de fans, sur un objectif compris entre 30.000 et 60.000 €.
Liquidation d’un label et ses conséquences.
Spidart, un des pionniers dans la production communautaire, a été mis en liquidation judiciaire, le 19 janvier 2010. Cela soulève de nombreuses questions quant aux garanties accordées aux artistes et aux internautes.
Un label peut s’arrêter alors que certains artistes ont déjà leur album dans les bacs et en pleine promotion alors que pour d’autres, la sortie de leur opus est imminente. Il arrive même que certains autres artistes aient pratiquement réussi à amasser la somme fixée par le label pour que leur album puisse être produit. Dans l’un ou l’autre cas, on peut se demander l’avenir de l’artiste ou encore ce qu’il en est de leurs droits d’auteur et de leurs contrats ?
Difficultés pour les internautes- producteurs.
En cas de liquidation judiciaire comme pour le cas de spidart, certains internautes – producteurs ont tendance à vouloir récupérer l’argent qu’ils ont investi dans le projet artistique. Reste à savoir s’ils seront un jour remboursés. L’internaute producteur n’est même pas garanti que l’album financé puisse sortir un jour.
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